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ANALYSES.o. liebmann. Die Klimax der Theorien.

les sciences axiomatiques, il y a aussi les sciences empiriquement construites : celles-ci renferment aussi beaucoup de théories. La science générale du savoir a pour but de les tracer et les examiner, de contrôler ce qui fait la nature et la base de ces théories. Elle nous met en présence d’un certain nombre de principes ou de maximes (Grundsätzen) auxquels aucune connaissance expérimentale ne peut se soustraire. Ce ne sont ni des axiomes ni des jugements dus à l’expérience. Ils n’ont pas la certitude apodictique ni assertorique et cependant ils sont nécessaires. L’auteur les appelle maximes théorétiques d’interpolation au sens qui leur est donné dans la science elle-même, non par la philologie.

I. Ces préliminaires achevés, nous passons à la Classification des théories, mais d’abord qu’est-ce qu’une théorie ?

Une théorie est un système de propositions plus ou moins générales et particulières qui sont dans un rapport de coordination ou de subordination, déduites a majori ad minus, du moins grand nombre possible de propositions générales qui ont une valeur universelle (p. 11).

Il y a trois ordres de théories : 1o Du premier ordre sont celles qui sont uniquement fondées sur l’expérience ; le matériel des pensées n’y dépasse pas l’expérience, les faits livrés par l’observation sont susceptibles par là de vérification ou de contrôle ;

2o Les théories du second ordre sont celles qui dépassent le champ de l’expérience ou des faits perceptibles. On n’y emploie des principes que l’expérience est incapable de fournir, qui sont problématiques et hypothétiques. Toutefois ceux-ci ne sont pas purement hypothétique ; ils sont fournis par des analogies tirées de l’expérience. Le théoricien s’y appuie sur une sorte d’induction qui va de l’observable à l’inobservable, de l’expérience à ce que l’expérience est incapable de donner. Elles jouent un grand rôle dans la science et lui rendent d’incontestables services. L’auteur nomme les principales : la théorie de la gravitation, l’hypothèse des atomes et celles des vibrations, de l’éther, etc.

3o Un troisième ordre enfin nous est offert par tout système métaphysique, ce mot étant employé dans son sens le plus général, tel qu’il est admis dans la langue commune. Un tel système est non immanent mais transcendant. Il dépasse toute expérience réelle ou possible, déjà par cela seul qu’il a la prétention de fournir des principes absolus pour l’explication du monde réel, tandis que les principes d’explication soit empiriques soit hypothétiques des théories du premier et du second degré ne sont toujours que relatifs.

Un chapitre non moins intéressant est consacré ensuite à l’examen des caractères qui s’appliquent à chacune de ces théories. Pour le premier ordre le critérium est fourni par l’expérience elle-même ; il lui est immanent. Elle seule fournit la vérification et le contrôle. Il en est tout autrement des théories du second ordre. Celles-ci échappent au contrôle de l’expérience. Aussi les principes sont hypothétiques : ils résident dans la région de l’inobservable. Exemple, les oscillations de