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au début, soit à la fin. Des mouvements rapides devront laisser des lettres inachevées, et jeter des traits au delà de la place qui leur est assignée. Selon la direction, les lignes seront ascendantes ou descendantes, droites ou tortueuses ; les traits seront carrément terminés, ou bien ramenés en sens inverse en forme de crochet, d’hameçon ou de boucle. La forme du mouvement fera des courbes gracieuses, harmoniques, ou des dessins vulgaires et déplaisants ; sa fréquence compliquera l’écriture et la surchargera de traits inutiles ; son amplitude allongera les jambages sans mesure, mouvementera les lettres au-dessus et au-dessous des lignes ; sa continuité fera que chaque lettre sera reliée à sa voisine, etc., etc.

Telle sera donc, en général, l’influence des caractères de la personnalité sur les signes graphiques, par le mécanisme des mouvements qui les traduisent inconsciemment. Mais toutes les lettres, et dans chaque lettre toutes les parties ne se prêtant pas également et indifféremment à chacun de ces mouvements, il devait arriver que chaque trait susceptible d’accentuation ou d’amplification dans un sens ou dans un autre subît cette modification précisément dans le sens compatible avec la nature du mouvement dont le scripteur éprouve le besoin.

C’est ainsi que certains signes caractéristiques se sont fixés à des lettres déterminées, ou à des parties de lettres, ou même à des séries de lettres plus ou moins nombreuses. Les exemples que nous allons en donner nous conduiront de toutes ces considérations générales à la graphologie pratique, telle que l’on faite ses inventeurs.

La volonté, a-t-il été dit, se traduit par l’énergie du mouvement, qui, subie et transmise par la main du scripteur, a pour effet d’accuser l’épaisseur des traits : une écriture généralement appuyée doit donc être le signe d’une volonté forte. Mais il est un trait qui reflète d’une façon particulière toutes les variations de cette énergie motrice, et qui paraît doué d’une aptitude spéciale à les subir et à les amplifier : c’est celui qui barre transversalement le T, signe surajouté, en quelque sorte, à l’écriture, et qui, par cela même, semble exiger de la part du scripteur un effort de volonté spécial. Quoi qu’il en soit, c’est très légitimement, comme l’observation en fait foi, que les graphologues ont établi que les gens mous, sans volonté, ne barrent pas leurs T ; que les volontés féminines, sans consistance, les barrent d’un trait grêle, sorte de fil à peine visible ; que ceux dont la volonté éclate vivement, mais est prompte à s’épuiser, font des barres en forme de stylet, épaisses au début et terminées en pointe ; que les indécis ne conduisent pas leurs barres au delà du trait vertical ; tandis que les opiniâtres, dont la volonté crescit eundo, font des