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ment due à la chaleur interne ; elle est la même de l’équateur aux pôles, une lumière faible, émanée du soleil naissant et encore informe, éclaire beaucoup plus d’un hémisphère ; la vie végétale et animale se développe uniformément sur toute la surface de la Terre, où il n’y a ni climat, ni saisons.

Ainsi, la Terre est plus ancienne que le Soleil, et c’est par la suite des temps et par le progrès du refroidissement qu’elle est successivement parvenue à l’état actuel, qui diffère si complètement de celui qui vient d’être retracé.

Le Soleil est encore tout entier à l’état gazeux, et la température des couches profondes s’élève à plusieurs millions de degrés ; tous les éléments chimiques s’y trouvent dissociés ; mais la surface est soumise, par suite du rayonnement, à un refroidissement constant, et au-dessous de la couche incandescente, mais très faiblement lumineuse, de la chromosphère constituée par de l’hydrogène pur, la température se maintient au degré convenable pour la production d’oxydes métalliques dont les poussières solides donnent l’éclat à la photosphère. Ces poussières retombent vers le centre où leurs éléments se dissocient, et un état relativement stable est entretenu par les doubles courants ascendants et descendants qui affectent un caractère tourbillonnaire et nous apparaissent sous forme de pores, de taches et de protubérances roses.

Mais si constante que nous paraisse la radiation actuelle du Soleil, quoique depuis deux mille ans il n’y ait certainement pas eu une variation d’un degré dans les températures moyennes à la surface de la terre, il faut bien avouer qu’il y a refroidissement pour notre système, et au bout d’un certain nombre de milliers d’années, tout notre monde éteint et froid aura dépensé l’énergie de position que possédait le chaos originaire. Les globes morts n’en continueront pas moins à circuler suivant les lois de la gravitation qui assurent l’équilibre mécanique du système, tandis que son équilibre thermique ne sera atteint qu’à une limite où la vie sera impossible.

Tel est le passé, tel est l’avenir de notre monde solaire ; quant aux autres mondes, M. Faye montre comment, d’après la différence des conditions originaires, leur constitution peut être, de fait, très variée, et comment les circonstances qui ont permis le développement de la vie ici-bas n’ont dû se réaliser que très rarement. Enfin, quant à l’ensemble de la voie lactée, il admet qu’il constituait au début un vaste chaos d’une densité excessivement faible, formé de tous les éléments chimiques plus ou moins mêles ou confondus. Ces matériaux, soumis d’ailleurs à leurs attractions mutuelles, étaient dès lors animés de mouvements divers qui en ont provoqué la séparation en myriades de lambeaux, et ceux-ci ont conservé une translation rapide et des girations intestines extrêmement lentes, d’où, par voie de condensation progressive, sont provenus les innombrables mondes de l’univers.

Tel est le système cosmogonique de M. Faye, et l’on ne peut nier la parfaite liaison de toutes ses parties, ainsi que son accord satisfai-