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publiée en français sur la doctrine du Logos chez Philon d’Alexandrie (1876). On y trouvera une exposition claire et satisfaisante de cette doctrine, mais avec des aperçus trop insuffisants sur les antécédents, en particulier chez les stoïciens, pour que cet ouvrage puisse être considéré comme épuisant la matière.

Je me bornerai à indiquer la marche générale de l’exposition, et la conclusion principale.

M. Soulier commence par étudier dans Philon : la notion de Dieu — de la matière (dont Dieu n’est pas l’auteur, sans que son éternité soit explicitement affirmée) — de l’univers (incorruptible) — de l’homme conçu comme microcosme. La transcendance divine, considérée comme absolue, la perfection métaphysique et la perfection morale attribuées à Dieu, obligent Philon à introduire, par voie spéculative entre Dieu et l’Univers, une série d’intermédiaires, dont l’ensemble peut être compris dans la notion générale du Logos divin.

Ce Logos, dans ses rapports avec Dieu, doit être conçu à la fois comme raison immanente de l’Être suprême, comme l’ensemble des idées universelles, comme organe de la manifestation divine (dont le mode essentiel n’est pas expressément indiqué) et enfin comme hypostase divine.

Dans ses rapports avec l’univers et l’homme, le Logos est à la fois créateur et organisateur, conservateur et recteur, type de la nature rationnelle, source de la vie intellectuelle et source de la vie morale. Les forces divines sont comprises dans le Logos et lui sont subordonnées. Philon essaie de classer ces forces et emprunte aux philosophies antérieures divers intermédiaires (logoi, anges, génies).

La question de la personnalité du Logos sort du cercle des idées de Philon, d’où résulte qu’il lui attribue à la fois la personnalité et l’impersonnalité. Mais cette conception est un postulat de son système et il n’a pas conscience de la contradiction.

Paul Tannery.

G. Caroli.Sul metodo nella scienza del pensiero. Naples, Giannini, 1885 ; 222 p.. in-8o.

Quelle est la méthode applicable à l’étude de la pensée ? Une méthode analogue à celle des sciences naturelles, qui toutes prennent pour point de départ des faits indubitables et concrets, c’est-à-dire des forces réelles, causes de phénomènes spécifiquement divers dans leurs conditions et leurs propriétés. Dans l’étude de la pensée, qu’on peut considérer à part de tous les autres faits ou forces psychiques (peu importe ici le nom), le point de départ, c’est le fait très simple et très évident d’une force pensante dans l’individu humain. C’est à l’analyse inductive d’en étudier les caractères, les lois, les rapports. Le premier caractère de cette force, c’est qu’elle est présupposée et derechef prou-