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Emil Wohlwill. La découverte de la loi de l’inertie. (Beharrungsgesetzes) (1er article). — C’est une loi bien connue, disait Roger Cotes en janvier 1713, que tout corps persiste dans son état de mouvement ou de repos aussi longtemps qu’il n’est pas forcé, par l’action d’une force, de changer cet état. Il n’y avait cependant que soixante-dix ans qu’elle avait été formulée, il n’y avait guère plus d’un siècle qu’on avait commencé à appliquer à quelques phénomènes les procédés d’examen qui correspondent à cette loi. L’histoire de la découverte de cette loi est incomplètement connue : on considère généralement Galilée comme celui qui a mis au jour la nouvelle doctrine ; on ignore comment elle a été préparée. C’est ce que l’auteur se propose de faire connaître. La distinction établie par Aristote entre ce qui est naturel et ce qui est contraire à la nature lui servait à expliquer la persistance du mouvement céleste, la non-persistance des mouvements non naturels, sans que toutefois il ait expliqué d’une manière suffisamment claire comment un corps lancé continue à se mouvoir quand il est séparé de la main qui lui a donné l’impulsion. Le moyen âge conserva et commenta la doctrine d’Aristote.

L’auteur examine ensuite la théorie du mouvement dans le merveilleux écrit de Nicolas de Cusa sur le jeu de boule ; chez Léonard de Vinci, chez Tartaglio, chez Cardan qui se met en opposition avec Aristote, chez G. Bruno qui défend, dans ses cent vingt thèses contre Aristote, la vis impressa : aussi longtemps elle dure, dit-il, aussi longtemps elle donne l’impulsion ; chez Benedetti, le plus marquant des prédécesseurs immédiats de Galilée : la vitesse du corps mû, dit-il, quand il est séparé du moteur, a son origine dans une impression naturelle qui résulte de l’impulsion reçue, le corps mû tend à continuer son mouvement en ligne droite. Galilée se rattache à Benedetti, il découvre la loi de la chute des corps, l’accélération proportionnelle au temps.

V. Egger. La parole intérieure. — Th. Michaelis consacre deux articles à l’ouvrage de M. V. Egger. Quelques-unes des idées qui y sont exposées eussent pu être traitées plus complètement, mais l’auteur a fait une œuvre psychologique distinguée et originale (hervorragende, eigenartige), et il est à souhaiter qu’une traduction la fasse connaître prochainement en Allemagne.

Jul. Duboc. Kant et l’Eudémonisme. — Duboc répond à Steinthal : il détermine d’une manière plus précise les rapports de la morale et de la physique ; il cherche à accentuer l’accord de l’eudémonisme avec les données de la conscience.

M. Holzman. Le péché et l’expiation dans le Rig-Véda et dans les Psaumes. — Article intéressant pour ceux qui cherchent à se rendre compte des concepts moraux chez les peuples qui ont eu une grande influence sur la formation des idées morales de notre époque.

G. Simmel. La psychologie de Dante. — L’auteur consacre deux articles (88 pages) à l’exposition des idées psychologiques du créateur de la poésie italienne. Il nous montre en lui le contraste d’une intelligence se gou-