Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/168

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manufactures, aux avantages du climat, aux productions naturelles, et à beaucoup d’autres causes qui n’existent jamais au même degré dans deux pays.

Mais quoique l’argent soit continuellement soumis à de telles variations, et qu’il en résulte une grande différence dans le prix des denrées qui sont communes à presque tous les pays, cependant ni l’abondance ni la rareté du numéraire n’agissent sur le taux des profits. L’abondance de l’agent de la circulation n’augmentera pas le capital national. Si la rente que le fermier paie à son propriétaire, et les salaires qu’il donne à ses ouvriers, sont, dans un pays, plus élevés de 20 pour cent que dans l’autre, et si en même temps le capital du fermier a une valeur nominale de 20 pour cent plus grande, il aura précisément le même taux de profits, quoiqu’il vende les produits bruts de sa terre 20 pour cent plus cher.

Les profits, on ne saurait trop le répéter, dépendent des salaires, non des salaires en valeur nominale, mais des salaires réels. Ce n’est pas le nombre de livres sterling que l’on paie annuellement à l’ouvrier, mais le travail du nombre de jours nécessaires pour acquérir cet argent, qu’il faut considérer. Les salaires peuvent donc être sur le même pied dans deux pays et être dans les mêmes rapports avec la rente et avec le produit total des fonds de terre, quoique le travailleur reçoive dans l’un de ces pays 10 schellings, et dans l’autre 12 schellings par semaine. Dans l’enfance des sociétés, quand l’industrie et les manufactures sont encore peu avancées, les produits de tous les pays sont à peu près semblables, et se composent de denrées volumineuses et d’utilité première. La valeur de l’argent dans chacun de ces pays tiendra principalement à la distance à laquelle il pourra se trouver des mines d’où l’on tire les métaux précieux ; mais à mesure que les arts font des progrès, que les améliorations s’introduisent dans la société, et que certaines nations excellent dans des branches particulières d’industrie, quoique la proximité ou l’éloignement des mines influe sur la valeur des métaux précieux, c’est néanmoins la supériorité industrielle qui règle principalement cette valeur.

Supposons que tous les pays produisent du blé, des bestiaux et du drap grossier, et que ce soit par l’exportation de ces objets qu’ils obtiennent, en retour, de l’or des pays qui le produisent, ou des pays qui en sont les maîtres. Dans ce cas, l’or vaudra plus en Pologne qu’en Angleterre, en raison des frais plus considérables que la Pologne aura à supporter pour transporter un article aussi volumi-