Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/437

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C’est avec raison que dans ce passage on fait dépendre le prix réel d’une denrée du plus ou moins de travail et de capital (c’est-à-dire de travail accumulé) qu’il faut employer pour la produire. Le prix réel ne dépend pas, comme quelques écrivains l’ont prétendu, de la valeur en argent, ni, comme d’autres l’ont avancé, de la valeur estimée en blé, en travail, ou comparée à toute autre denrée prise isolément, ou à toutes les denrées prises collectivement ; ce prix ne dépend, comme M. Malthus le dit avec raison que « de la plus ou moins grande somme de capital et de travail qu’il faut employer pour la production. »

Parmi les causes de la hausse des rentes, M. Malthus compte « un accroissement tel de la population qu’il en résulte une baisse des salaires. » Mais si à mesure que les salaires baissent, les profits du capital s’élèvent, et que, pris ensemble, ils aient toujours une même valeur, aucune baisse des salaires ne pourra faire monter les rentes, car elle ne diminuera ni la part, ni la valeur de la part de produit qui doit appartenir au fermier et au manouvrier ensemble, et par conséquent elle ne peut point laisser une part plus forte ni une valeur plus considérable pour le propriétaire. À proportion qu’on dépensera moins en salaire, il en restera plus pour les profits, et vice versa. Ce partage se fera entre le fermier et les travailleurs, sans que le propriétaire s’en mêle ; et dans le fait, c’est une affaire dans laquelle rien ne l’intéresse, si ce n’est la manière dont un certain mode de partage peut plus qu’un autre contribuer à faciliter de nouvelles accumulations, et à augmenter la demande des terres. Si les salaires baissent, ce sont les profits qui monteront et non les rentes. Le surhaussement des fermages et des salaires, et la diminution des profits sont en général les effets inévitables des mêmes causes, et ces causes sont : — la demande croissante de subsistances, la quantité plus considérable de travail nécessaire pour les produire, et conséquemment leur renchérissement. Le propriétaire pourrait renoncer à toute sa rente, sans que les travailleurs en tirassent le moindre profit. Si les travailleurs renonçaient à tout le montant de leurs salaires, les propriétaires n’en retireraient pas non plus le moindre avantage ; mais dans ces deux cas, le fermier recevrait et garderait tout ce qui pourrait être ainsi abandonné. J’ai taché de faire voir, dans cet ouvrage, qu’une baisse dans les salaires n’aurait d’autre effet que de faire monter les profits.

Une autre cause de la hausse de la rente, selon M. Malthus, consiste dans « de telles améliorations en agriculture, ou dans un surcroît d’efforts suffisant pour diminuer le nombre des ouvriers nécessaires