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ŒUVRES DIVERSES.

naie serait extrêmement minime ou extrêmement abondante, qu’elle n’altérerait en rien les proportions dans lesquelles ils se divisent parmi les nations. Le seul effet que produiraient ces variations de quantité serait d’élever ou d’abaisser relativement le prix des marchandises avec lesquelles on les échange.

La plus petite quantité de numéraire remplirait aussi bien que la somme la plus considérable les fonctions d’un agent de la circulation. Dix millions seraient aussi puissants que cent millions pour atteindre ce résultat. Le docteur Smith fait observer que « les mines les plus abondantes de métaux précieux n’ajouteraient rien à la richesse du globe, — un produit qui fonde sa principale valeur sur sa rareté étant nécessairement déprécié lorsqu’il abonde. »

Si, dans sa marche vers la richesse, une nation avançait plus rapidement que les autres, elle demanderait et obtiendrait une plus large portion des monnaies du monde. Son commerce, ses marchandises et ses paiements s’accroîtraient, et la circulation métallique du globe se diviserait encore sous l’influence de nouvelles proportions : toutes les nations répondraient immédiatement à cet appel pour leur part respective.

De même si une nation dissipait une partie de sa richesse ou perdait une partie de son commerce, elle ne pourrait plus conserver la même quantité de ces agents de circulation : une portion serait exportée et divisée parmi les autres nations jusqu’à ce que les proportions habituelles fussent rétablies.

Tant que la situation relative des pays ne variera pas, ils pourront entretenir un vaste commerce, mais leurs importations et leurs exportations seront égales après tout. Il se pourrait que, relativement à la France, les importations de l’Angleterre fussent plus considérables que ses exportations ; mais la conséquence serait que là où elle exporterait davantage les importations de la France seraient plus nombreuses : de telle sorte que les importations et les exportations de tous les pays se balanceraient réciproquement. Des lettres de change serviraient à effectuer les paiements nécessaires, mais aucune monnaie ne se déplacerait, parce qu’elle aurait partout la même valeur.

Si on découvrait une mine d’or dans un pays, les monnaies y éprouveraient une diminution de valeur résultant de la multiplication des métaux précieux jetés dans la circulation, et n’y conserveraient plus dès lors une valeur égale à celle qu’elle aurait dans les autres pays. L’or et l’argent, obéissant soit comme numéraire, soit comme lingots,