Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/53

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Magistratz & Notaires, par lesquelz ilz sont advertis fidelement de tout ce qui se passe ; & ainsi ilz ne sont pas peu empeschez parmi si grand nombre d’affaires, mais la quantité & bon ordre de ces collegues rendent ceste charge plus aisée. Car en premier lieu il y a un President de chasque Siege, qu’ilz appellent Ciamciu, lequel a deux Assesseurs, l'un à droicte, l’autre à gauche, ceux-là se nomment Cilam. La dignité de ces trois en la ville Royale, & par tout le Royaume est estimée entre les premieres, à l’exemple de ceux-ci, chasque Tribunal est divisé en diverses charges, à chascune desquelles il y a plusieurs compagnons d’office, qui ont pour adjoinctz, des Notaires, gentz de Cour, Huissiers & autres ministres en nombre.

Outre ces Sieges, il y en a un autre le plus grand de toute la Cour & du Royaume, qu’ilz appellent le Presidial des Colaos, ceux-là sont communément trois ou quatre, quelques fois six, qui n’ont aucune charge particuliere ; mais prennent garde à la Republique. Ilz sont en tous affaires Secretaires du Roy, & receus en son Palais. Or d’autant qu’à present le Roy n’assiste pas publiquement aux depesches des affaires du Royaume (qu’il souloit anciennement vuider avec ces Colaos) ilz demeurent tout le jour au Palais, & respondent comme il leur plaist aux requestes envoieez ordinairement au Roy en grand nombre. Avec cete response ilz retournent au Roy, qui selon son plaisir les approuve, efface, ou change, laquelle dernière response sa Majesté escrit de sa propre main sur les requestes ; afin que ce qu’il a commandé soit apres executé.

Outre ces ordres de Magistratz que j’ay dict, & plusieurs autres dont je ne veux pas parler, d’autant qu'ilz ne sont guere differens des nostres, il y a deux autres ordres presque inouïs aux nostres. Le premier est dict Choli, le dernier Tauli. En chasque ordre ilz sont plus de soixante tous Philosophes, hommes courageux & prudentz, qui ont desja donné preuve de leur fidelité au Roy & au Royaume. Ces deux ordres sont extraordinairement emploiez par le Roy aux affaires de Cour & des provinces qui sont de grande importance, tousjours avec grande & Royale puissance, qui leur acquiert de l’honneur, & de l’autorité. Mais sur tout, leur devoir particulier est tel qu’entre nous des Syndicz, qui est d’advertir le Roy par libelle toutes les fois qu’il leur plaist, s’il se commet quelque faute par tout le Royaume. Enquoy non seulement ilz ne pardonnent aux Magistratz, encor qu’ilz soient des plus relevez, mais mesme ilz ne dissimulent rien avec le Roy, ou la famille Royale. Cet office me semble n’estre pas beaucoup dissemblable