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la sociologie et la théorie du capital

on les compare à ceux de l’entreprise industrielle ; on sait aussi combien les salaires des ouvriers des champs sont inférieurs à ceux des ouvriers de l’usine. Le journalier rural, véritable prolétaire, ne travaille guère que pour ses aliments et aliène toute sa liberté. Or, dans l’entreprise agricole, même la plus perfectionnée, le travail n’est jamais que très faiblement divisé.

Attachons-nous à cette indication et nous voyons achever de s’évanouir les preuves inductives que. le marxisme croyait apporter à l’appui de la théorie du surtravail.

L’homme vit d’abord des fruits spontanés du sol. Le raisonnement nous apprendrait, l’observation nous prouve que, aussi longtemps que la terre lui fournit sans travail des aliments, l’homme s’abstient de travailler. Le nègre vit de ses bananes, le Corse. de ses châtaignes. Le travail apparaît quand les fruits spontanés du sol deviennent insuffisants, c’est-à-dire quand la densité de la population a augmenté, C’est pourquoi l’âge du travail commence, eu égard à cette densité, plutôt dans les régions tempérées et septentrionales que dans les régions tropicales où il y a toujours moins d’énergie et moins de besoins.

S’il en est ainsi, l’homme tendra en général à borner son travail à l’effort nécessaire pour suppléer à la productivité spontanée du sol. Il ne donnera donc jamais la moindre part de son activité gratuitement, s’il n’y est contraint par une autorité ayant la puissance de le châtier.

L’esclavage, tel est l’unique moyen d’obliger le travailleur à céder gratuitement une partie de son temps. Le maître a en effet sur l’esclave le même