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la loi d’accumulation

Nous voici au rouet. Point d’accumulation de capitaux si la force de travail n’est pas l’objet d’un commerce libre ; point d’accumulation non plus si l’ouvrier qui la vend n’est pas tenu de la céder au plus bas prix.

Le pénétrant Loria a bien aperçu cette contradiction entre la théorie et les faits. Pour sauver quelque chose des prévisions du socialisme, il a sacrifié la loi d’accumulation et lui a substitué une loi de disparition du revenu, Pour conserver un revenu illégitime le capital, renonçant à l’appui insuffisant de la religion, de la morale et du droit, se décide selon lui à créer et à développer le pouvoir politique. Procédé coûteux ! car il faut multiplier les travailleurs improductifs et leur abandonner une partie du revenu extorqué grâce à eux aux prolétaires, mais procédé sûr ! Le pouvoir assure infailliblement au capital la part du revenu qu’il ne lui arrache pas. En vain les prolétaires s’imaginent-ils par des réformes constitutionnelles s’assurer la protection ou même l’impartialité de l’autorité. Grâce au crédit public, le capital a un gage sûr de la docilité du pouvoir ; la corruption fait le reste[1].

Laissons à M. Loria son étrange explication do la religion et du droit[2]. La conception des rapports de la propriété et de la souveraineté mérite plus d’attention, car elle est le soutien indispensable d’une théorie socialiste et l’étai nécessaire du

(1) Achille Loria, les Bases économiques de la constitution sociale, passim.

(2) Nous prenons la liberté de renvoyer sur ce double point à notre Origine de l’Idée de droit, Paris, Thorin et fils, 1892.

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