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avenir de la division du travail

tion du suffrage universel et de l’enseignement populaire ainsi quo la dépendance du crédit public à l’égard de la petite épargne ont mis fin décidément à la classe bourgeoise si l’on veut désigner par là un groupe d’hommes qui voulaient éterniser un compromis impossible entre les titres héréditaires et les titres.do la capacité personnelle.

Si nous négligeons les accommodements qui s’établirent, de la fin du moyen âge à la période révolutionnaire, entre la bourgeoisie et la féodalité, si nous jugeons la société bourgeoise en la comparant aux sociétés anciennes et aux sociétés de l’Orient, nous voyons que son existence même répond à la prédominance de la capacité sur l’hérédité.

L’existence des classes n’est pas liée inséparablement à la division du travail ; elle correspond au type inférieur de celle-ci. La division du travail n’est favorable à la solidarité que si aucune aptitude n’est contrainte[1] à s’écarter de sa voie. Lors donc que la naissance détermine la profession de chacun et que par suite beaucoup d’aptitudes sont contraintes, la division du travail est imparfaite. Mais par là même que la spécification est une loi de la vie sociale, plus elle progresse, et plus diminue le rôle de l’hérédité et de la contrainte. La civilisation commence sans doute avec l’inégalité des classes, mais, à mesure qu’elle se développe, la capacité individuelle se substitue au titre héréditaire. Dès le moyen age, le grand pouvoir, le sacerdoce chrétien, cesse d’être héréditaire ; la caste

(1) E. Durkheim, De la Division du travail social, liv. III, ch. II, Paris, F. Alcan.

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