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conditions de la prévision sociologique

Les prévisions de Spencer ont sur les précédentes une grande supériorité ; elles ne sont en contradiction avec aucune donnée sociologique ; en revanche, elles ne s’appuient que sur une théorie un pou vague des transformations passées de la nature humaine. C’est moins une prévision scientifique qu’une sorte de foi optimiste en l’aptitude de l’homme à s’adapter à la vie sociale.

Ces vues sont fécondes sans doute, mais à la condition d’être confirmées par les données de la statistique morale. L’œuvre de Quételet, d’Œttingen et de leurs émules ne fournit pas au sociologue un appui moindre que celle de Spencer.

L’étude du passé social, telle que l’a comprise Spencer, nous montre que les sociétés composées aujourd’hui vivantes sont des agrégats de sociétés simples jadis aussi différentes les unes des autres que le sont aujourd’hui les nations.

La statistique morale nous apprend que chaque nation a sa criminalité propre, comme elle a sa nuptialité et sa natalité, En Espagne, les homicides sont plus fréquents que les vols, et en revanche les assassinats sont relativement rares, comparés aux meurtres sans préméditation. En Allemagne, les crimes de sang comparés aux vols sont rares ; en revanche, les assassinats sont plus nombreux que les meurtres simples.

L’Espagne comme la France est une vieille nationalité ; aussi ses parties sont-elles très semblables, au moins pour le statisticien. Les diverses parties de l’Allemagne présentent au contraire des différences notables ; ce sont surtout ses provinces polonaises qui tranchent sur l’ensemble par le chiffre élevé des meurtres. Ces différences sont