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la prévision et l’application sociologiques

la société agit sur ses membres. Mais cotte contrainte pour ne pas devenir inutile ou cruelle doit être éclairée par toute la science de l’homme individuel et social[1].

La criminologie conclut à la nécessité des substituts de la peine qui sont étudiés par deux autres sciences, hélas ! encore plus imparfaites, la science de l’éducation et la théorie positive de la solidarité ou de la division des risques (l’art social de Condorcet).

Il n’est pas un progrès social qui ne suppose l’application de ces trois forces, contrainte pénale, contrainte éducative, mutualité.

Ces applications sociologiques, destinées à devenir toujours plus sûres, coopèrent à cette atténuation spontanée de la concurrence, qui est la donnée la plus générale et la mieux établie de la science sociale.

La transformation de la concurrence vitale violente en concurrence économique limitée par le droit, voilà le grand progrès qu’a réalisé l’humanité. Opprobre de l’homme dans les sociétés barbares, le travail est devenu sacré. D’un autre côté l’habitude de la mutualité et de l’association pénètre peu à peu l’épargne, la consommation et le travail. En résulte-t-il qu’on puisse prévoir la disparition totale de la concurrence économique ?

Aucune conclusion ne serait moins scientifique. La concurrence économique est un vestige de la concurrence vitale. Celle-ci résulte de la position

(1) Citons, à côté des travaux bien connus des criminologistes français, MM. Tarde, Lacassagne, Ladame, Joly, Guillot, l’œuvre admirable d’Alimena : I limiti e i modificatori dell’ imputabilita. Turin, 1893-1896.

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