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le socialisme et la science sociale

rence qui détermine la division du travail, plus la personnalité humaine est abaissée.

L’apologie de la concurrence repose sur une analyse insuffisante du déterminisme économique. Des facteurs externes, du climat et du terrain, dépendent d’un côté les besoins de la population, de l’autre les productions spontanées du sol, Les facteurs internes sont ou personnels ou sociaux. Les premiers, comme l’ont vu les économistes, se ramènent à la recherche du moindre effort et du plus grand gain ; mais ces savants, aveuglés par la psychologie superficielle, qui réduit tout au Moi individuel et ramène la sociabilité à l’égoïsme, ont eu tort de ne tenir aucun compte des facteurs sociaux. Or, bien que ceux-ci ne dirigent pas immédiatement la production, ils déterminent néanmoins indirectement l’organisation du travail en réprimant les facteurs égoïstes. Grace à eux, la manière de s’enrichir est modifiée, et l’association se substitue par degrés à la concurrence.

Une science spéciale étudie les rapports de l’activité sociale et des facteurs externes. La notion scientifique de la géographie ne fait cependant que poindre ; ceux qui la cultivent se défendent à l’excès de la généralisation ; néanmoins, elle semble bien confirmer la plupart des vues de Montesquieu ; elle nous montre l’homme passif à l’égard du climat qui détermine ses besoins ; actif, mais dans les limites de ses besoins, à l’égard de la faune et de la flore et même du terrain. La recherche du gain n’est en somme autre chose que la tendance inconsciente à adapter le plus complètement les facteurs externes aux besoins individuels au prix du moindre effort. De là une