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historique et analyse du socialisme

lisme ; reconstituer cette unité est la condition préalable de la discussion.

I. — Les variations du socialisme n’ont point eu lieu au hasard ; chaque école est résultée de l’insuffisance des précédentes ; cependant elle en a gardé les idées principales. Ce point capital doit être étudié de près.

Le socialisme.nous présente deux formes extrêmes, associées l’une au nom de Proudhon, l’autre au nom de Marx. L’une est le mutuellisme, l’autre le collectivisme.

Si nous trouvons qu’elles ont en commun des idées fondamentales, nous aurons prouvé l’unité du socialisme.

Un premier regard ne découvre entre ces conceptions que des différences ; elles répondent aux deux attitudes que l’esprit peut prendre en face des problèmes de la morale sociale. Le mutuellisme, tel que Proudhon l’a conçu, voit dans la question sociale une question morale ; il entreprend de subordonner la division du travail et l’échange aux exigences de la justice, sans laquelle il n’y aurait ni coopération ni échange. Le collectivisme voit dans la question sociale une question d’estomac. La justice n’est aux yeux de ses partisans qu’un objet de raillerie propre à égayer des réunions d’étudiants. Il y substitue les prétendues exigences de la production qui feront apparaître une société sans classes, sans puissance coercitive, où, tout en poursuivant la satisfaction de ses appétits, chacun, par une sorte de miracle, travaillerait au bien-être de tous.

Le mutuellisme et le collectivisme répondent