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du Chev. Grandisson.

sont retirées ni l’une ni l’autre. Par quel art sait-il joindre à des manieres si ouvertes, un respect qui satisferoit une Princesse.

Après le déjeûner, M. & Madame Reves ayant été appellés pour le Chevalier Allestris & sa Niece, qui donnent ordinairement le matin à leurs visites, je suis demeurée seule avec Sir Charles. Alors, d’un air également civil & familier, il m’a tenu ce discours.

Dans le dernier entretien que j’ai eu avec Miss Byron, je lui ai fait un récit fort tendre. J’étois sûr qu’il exciteroit dans un cœur tel que le sien, une généreuse compassion pour une des premieres personnes de son sexe, & je me suis flatté que n’ayant rien à me reprocher de téméraire ou d’indiscret, j’obtiendrois aussi quelque part à sa pitié. Il m’a paru, Mademoiselle, que cette malheureuse histoire vous avoit sensiblement touchée ; & par ménagement pour vous (permettez que j’ajoute aussi pour moi-même) j’ai prié le Docteur Barlet de vous expliquer mille choses sur lesquelles je ne pouvois m’étendre comme lui. Il m’a rendu compte de tout ce qu’il vous a communiqué. Je me souviens de la peine que mon récit vous a causée, & je ne doute point que dans le même sentiment de bonté & de compassion, celui du Docteur ne vous ait fait souffrir encore plus. Cependant me permettez-vous, Mademoiselle, d’ajouter au même sujet quelques circonstances dont il n’a pu vous instruire ? À présent que vous