Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
du Chev. Grandisson.

indulgence pour les vœux continuels de la Sœur. Il offre d’aller au-devant de Sir Charles, dans le lieu dont il lui laisse le choix, & de le conduire lui-même à Boulogne, où il l’assure que le plaisir de le voir ne manquera point de réunir tout le monde en faveur de l’entrevue. Si ce remede, auquel il regrette de s’être opposé si long-temps, n’a pas le succès qu’il en espere, il conseillera, dit-il, de renfermer sa Sœur dans un Couvent, ou de la confier aux soins de quelques honnêtes gens qui la traiteront avec douceur, mais comme on traite ceux qui ont le malheur de tomber dans le même état. »

Sir Charles m’a fait lire ensuite une Lettre du Seigneur Jeronimo, qui lui fait la peinture de sa propre situation. « La vie n’est plus pour lui qu’un fardeau. Il en souhaite la fin. Ses Chirurgiens lui paroissent manquer d’habileté. Il se plaint particulièrement de sa blessure à la hanche, qui a trompé jusqu’ici toutes leurs lumieres. Ce qu’il demanderoit au Ciel, dit-il, ce seroit d’être proche du Chevalier Grandisson, parce que le plus grand bonheur qu’il ait à desirer est de rendre le dernier soupir entre les bras de son cher Ami. » Mais, dans cette triste Lettre, il ne dit pas un mot de sa Sœur. Sir Charles suppose, pour expliquer ce silence, que Clémentine n’étant point à Boulogne, on cache son déplorable état au Seigneur Jeronimo, dans la crainte d’irriter ses douleurs.