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du Chev. Grandisson.

C’est mon sentiment, a dit le Pere, en baissant la tête.

Que puis-je ajouter ? a continué la Marquise. Nous sommes tous dans un mortel embarras. On me charge d’une commission qui m’afflige. Soulagez mon cœur, Chevalier, en m’épargnant une plus longue explication.

Il n’en est pas besoin, Madame. Je crois vous entendre. L’ingratitude ne sera jamais un reproche que je puisse faire à votre Famille. Vous, mon Pere, dites-moi (supposé, du moins, que vous puissiez faire en ma faveur ce que je ferois pour vous ;) si vous étiez à ma place (& vous ne sauriez être plus convaincu de votre Religion que je le suis de la mienne,) dites-moi ce que vous feriez, & par conséquent ce que vous jugez que je dois faire.

Le Pere m’a répondu qu’il ne pouvoit admettre une supposition de cette nature : mais est-il possible, a-t-il repris, que l’erreur puisse avoir sur un esprit raisonnable la même force que la vérité ?

Vous n’ignorez pas, lui ai-je dit, que cette question se réduit à rien, & que j’ai le même droit de vous la faire à mon tour. Mais continuons nos prieres, pour l’heureuse fin qui nous intéresse tous, pour le parfait rétablissement de notre chere Clémentine. Vous êtes témoin, Madame, que je ne cherche point à me faire valoir auprès d’elle. Vous voyez avec quel respect je me conduis.