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Histoire

tardé à me rappeler. Il m’a serré dans ses bras, comme son Frere, avec mille félicitations sur son bonheur & le mien. Au milieu de ses caresses, je n’ai pu me défendre d’un peu de surprise, lorsque le Prélat, qui ne croyoit pas que je pusse l’entendre, a dit à sa Mere ; ah Madame ! le pauvre Comte de Belvedere ! Quelle sera son affliction ! Mais il ira se consoler à Madrid, avec quelque Dame espagnole. Pauvre Comte ! a répondu la Marquise : mais il seroit injuste de nous blâmer.

Demain je suis invité à prendre le Chocolat avec Clémentine. On nous laissera peut-être seuls ; ou du moins, je ne m’attens à trouver, avec elle, que sa Mere ou Camille.

Que ne donnerois-je pas, cher Docteur Barlet, pour être assuré que la plus excellente Fille d’Angleterre sera heureuse, avec le Comte de D…, le seul de tous ses Admirateurs, que je crois digne d’un si précieux trésor ? Si Miss Byron avoit à se plaindre de son sort, & par ma faute, le souvenir de toutes mes précautions ne seroit pas capable d’adoucir l’amertume de mon cœur. Mais après tout, d’où me viennent tous ces soupçons de tendresse ? & ne dois-je pas les prendre pour des mouvemens d’une vaine présomption ? Cependant, si le Ciel ordonne que ma destinée soit unie à celle de Clémentine, je serois extrêmement satisfait de pouvoir apprendre, avant qu’elle ait reçu mes vœux, que Miss Byron, par complai-