Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
Histoire

rer de plus heureux, & que la Religion soutient seule contre le désespoir, cherche au moins, dans son affliction, le bien qui touche de plus près à celui qu’il a perdu. M’est-il permis, Mademoiselle, quel que puisse être le succès du plus grand évenement, de me flatter qu’un commerce, entrepris sous de si légitimes auspices, ne sera jamais interrompu ? qu’une amitié si pure, subsistera éternellement ? que l’homme, dont le bonheur s’est évanoui, sera regardé comme un Fils, comme un Frere, dans une Famille qui ne doit jamais cesser de lui être chere ? J’en ai l’espérance… Je demande à cette aimable Famille la continuation de son estime ; pourquoi ne dirois-je point de son affection ? mais aussi long-tems seulement que mon propre cœur, impartial pour moi-même, plein de zele pour la gloire & le bonheur de toute votre illustre Maison, me fera sentir qu’il le mérite ; aussi long-tems que ma conduite forcera tout le monde d’approuver mes prétentions. Il ne peut arriver de ma part, comme il n’arrivera jamais de la vôtre, qu’un homme, à qui le bonheur de la plus étroite alliance étoit promis par la faveur de toute votre Famille, y soit regardé comme un Étranger.

Jamais, Mademoiselle, le cœur d’un homme n’a pu se vanter d’une passion plus désintéressée que la mienne, pour un objet dont l’ame lui ait été plus chere encore que les charmes de la personne ; ni d’une plus