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Histoire

à faire sa Femme, l’exercice libre de sa Religion, de lui abandonner le choix d’un homme sage pour son Confesseur, de ne jamais la forcer de faire le voyage d’Angleterre avec lui, & de passer avec elle, de deux années l’une en Italie.

Signerez-vous cet écrit, Monsieur ?

Très-volontiers, Mademoiselle.

Je le signai.

Elle relut ce qu’elle avoit écrit. Quoi ? vous avez fait ces propositions. Est-il bien vrai, Madame ?

Oui, ma chere ; & je vous l’aurois appris plutôt : mais vous fûtes si frappée de la supposition d’un refus…

Ô Madame ! interrompit-elle, il étoit bien dur en effet de se croire refusée.

Mais souhaiteriez-vous, ma chere, que nous eussions donné notre consentement à ces offres ? Auriez-vous pu vous résoudre à devenir la femme d’un Protestant ? Une Fille du sang dont vous sortez !

Elle tira sa Mere à l’écart ; mais, dans le mouvement où elle étoit, elle parla d’un ton assez haut pour être entendue.

Je conviens, Monsieur, que j’aurois eu tort : mais je me réjouis beaucoup de n’avoir pas été refusée avec mépris. Je me réjouis que mon Précepteur & le Libérateur de mon Frere, ne m’ait pas regardée comme un objet méprisable. Franchement, je le soupçonnois d’aimer Olivia, & de chercher des prétextes.