Page:Richelet - Dictionnaire françois, 1680, Part1, A-D.djvu/12

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AVERTISSEMENT.

compagné cela de quelques proverbes, au cas que sur le mot il y en ait eu de raisonnables, & on a marqué si le mot est un terme d’art, s’il est vrai qu’il en soit un.

Touchant l’Ortographe, on a gardé un milieu entre l’ancienne, & celle qui est tout à fait moderne, & qui défigure la Langue. On a seulement retranché de plusieurs mots les lettres qui ne rendent pas les mots méconnoissables quand elles en sont otées, & qui ne se prononçant point, embarassent les Etrangers, & la plu-part des Provinciaux. On a écrit avocat, batistere, batême, colére, mélancolie, plu, reçu, revuë, tisanne, tresor, & non pas advocat, baptistere, baptême, cholere, melancholie, pleu, reccu, reveue, ptisane, thresor.

Dans la même vuë on retranche l’s qui se trouve apres un e clair ; & qui ne se prononce point, & on met un accent aigu sur l’e clair qui accompagnoit cette s : si bien que présentement on écrit dédain, détruire, répondre, & non pas desdain, destruire, respondre.

On retranche aussi l’s qui fait la silabe longue, & qui ne se prononce point, soit que cette s, se rencontre avec un e ouvert, ou avec quelque autre lettre, & on marque cet e ou cette autre lettre d’un circonflexe qui montre que la silabe est longue. On écrit Apôtre, jeûne, tempête, & non pas Apostre, jeusne, tempeste. Cette derniere façon d’ortographier est contestée. Neanmoins, parce qu’elle empêche qu’on ne se trompe à la prononciation, & qu’elle est autorisée par d’habiles gens, j’ai trouvé à propos de la suivre si ce n’est à l’égard de certains mots qui sont si nuds lorsqu’on en a oté quelque lettre qu’on ne les reconnoit pas.

A l’imitation de l’illustre Monsieur d’Ablancourt, Preface de Tucidide, Apophtegmes des Anciens, Marmol, &c. & de quelques Auteurs celébres, on change presque toujours l’y grec en i simple. On retranche la plu-part des lettres doubles & inutiles qui ne défigurent pas les mots, lorsqu’elles en sont retran-


chées.