Page:Richelet - Dictionnaire françois, 1759, P1, A-D.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
282
BAT.
BAT.

Bâtonnier, s. m. Bâtonniére , s. f. Celui ou celle qui a en garde le bâton d’une Confrairie, & qui le porte , ou le suit aux Processions.

Batrachite, s. s. Pierre qui se trouve dans le corps des Grenouilles.

ffATRACHOMYOMACHiE , / / Guerre des Grenoiiilles & des Rats. On a fur ce fujet , & avec ce titre , un Poëme qu’on attribue à Homère.

Batre , ( Battre ,) v.a. [ Ferirc, percutere , cœden , verberare. ] Fraper. Maltraiter. Je bas , j’ai batu , je bâtis. ( Batre cruellement une perfonne.

De quoi , pauvre homme , te plains-tu ?

Il eut la honte de te tatre , Et toi l’honneur d’être batu.

Saint Amant , Poèf. 4. p. )

•^ Batre quelcun dos & ventre. C’eft batre comme ii faut.

Batre. [ Fundere , profiigare. ] Ce mot fe dit en parlant des gens de guerre. C’eft défaire , mettre en déroute. ( Le Duc d’Anguien bâtit en 1643. les Efpagnols devant Rocroi. Relation de cette bataille. Les petites armées bâtent quelquefois les grandes. ( Samfon bâtit les Philiftins avec une mâchoire d’âne. )

Batre. [ Tundere , fabricare. ] Fraper avec quelque chofe que ce foit. ( Batre le fer , le plâtre, un livre, le beurre, le carreau, le blé, la toile , &c. )

Batre. [ Mijcere , fubigere. ] Mêler en bâtant. ( Batre des œufs pour faire une omelette. )

Batre. [ Quatere. ] Ruiner à coups de canons , de bombes , &c. Batre une Ville.

Batre. [ Imminere. ] Donner fur quelque chofe. ( Le foleil batoit à plomb fur la terre. Abl. )

Batre. Tympanum tundere^ Terme de Tambour. Fraper la caiiTe avec des baguettes pour avertir le foldat de fon devoir. ( Batre la caiffe. Batre l’alTemblée. Batre la marche , la générale. Batre aux champs. C’eft-à-dire , batre pour marcher où l’on eft commandé. )

Batre rejlrade. [ Concurfare , excurrere. j Terme de Guerre. C’eft - à - dire , courre la campagne pour faire quelque découverte , ou autre chofe.

Batre. Terme de Maître à danfer. Faire un mouvement figuré avec le pié.

Batre. [ Tundere. ] Terme de Tireur d’or. Paffer les filets d’or ou d’argent fur les moulins pour les aplatir.

Batre la laine , foit teinte , foit en blanc , c’eft l’étendre fur la claie , & l’y ouvrir à grands coups de baguettes , pour pouvoir être peignée , ou cardée & filée.

Batre à la terre , c’eft fouler l’étofe avec la terre en y lâchant un robinet d’eau.

Batre à fec , c’eft fuprimer l’eau , & fouler jufqu’au degré de confiftance au de- là duquel l’étofe ne s’épaiflît plus , mais fe diflbut & s’évide.

Batre. [ Monetam cuderc. ] Terme de Monnaie. Fabriquer. Fabriquer. ( Batre monnoie. )

Batre. Terme de Mujicien. [ Muficum concentum moderari manâs agitationc. ] Baifler & élever la main pour marquer les tems qu’il faut donner à chaque note. ( Batre la mefure. )

Batre. [ Palpitare. ] Remuer. Se mouvoir. ( Le cœur bat étant hors du corps de l’animal. Monfeigneur , en ce trifte état , confeflez que le cœur vous bat. Fait. Po’cf. C’eft-à-dire , que vous tremblez , & que vous avez quelque peur. Batre des mains. [ Plaudere. ] Aplaudir.

BAT.

j- * Batre le pavé. [Concurfare.’} C’eft-à-dire, être oifif, & ne faire autre chofe que fe promener, au lieu de s’apliquer à quelque chofe de bon.

Batre à la main. [ Agitare , movere , fuccutere. ] Terme de Manège. Cheval qui bat à la main ; c’eft-à-dire , qui fecouë la tête , pour éviter la fujétion de la bride. ( Empêcher qu’un cheval ne bâte à la main. )

Batre l’eau. Terme de Chajfe ; c’eft quand le cerf eft dans l’eau : on doit dire aux chiens ; // bat l’eau.

Batre la diant. Terme de Mer. C’eft batre d’une certaine manière la caiffe au point du jour , pour réveiller ou les équipages , ou les foldats. Aubin.

Batre le fer. C’eft faire fouvent des armes. Il y a long- tems qu’il bat le fer. On dit auffi au figuré d’un homme apliqué depuis long-tems à une étude , à une profeflîon , il y a long-tems qu’il bat le fer.

Batre en retraite. C’eft fe dégager ; fe retirera du monde, des compagnies , d’une afaire , d’une liaifon. Se batre en retraite , c’eft combatre de telle forte qu’on ne laiffe pas de continuer fa marche.

Se batre , r. r. [ Pugnare , decertare , dimicare. ] Se fraper, porter des coups. Combatre. Être aux mains avec les ennemis. ( Se batre en duel. Le Régiment des Gardes fe bâtit vaillamment. Le Roi Jean, après s’être bien batu, en 1356. à la bataille de Poitiers , fut fait prifonnier par les Anglois. Ils fe font batus long-tems. )

Se faire batre. [ Iclus , plagas accerfere. ] C’eft fe faire maltraiter à force de coups.

Se faire batre. [ Venatores longiùs morari. ] Terme de Chaffe , qui fe dit des bêtes qui fe font chaffer long-tems dans un certain canton de pais. Salnove.

S

Une heure, là-dedans , nôtre cerf /i fait batre ; apuie alors mes chiens , & : lais le diable à quatre. Mol. Fâcb. a. 2. fc. 6. )

  • B atre la campagne , batre bien dupaïs. [ Fagari,

defleclere à propoflto. ] Ces mots fe difent figurément d’un Ecrivain & d’un Orateur , pour dire qu’il s’éloigne de fon fujet , & qu’il dit bien des chofes inutiles.

^T C’eft de tous les chafTeurs le plus (ùr de fa prife , Et pour en bien parler , nul chaiTeur aujourd’hui Ne bat plus de pais que lui.

Benferade , Balet de la nuit,

  • On dit , au propre , des oifeaux , qu’i/i

latent des ailes, pour fe foûtenir en l’air. Mais on dit au figuré d’une perfonne : * Il ne bat plus que d’une aile , pour dire qu’il eft afoibli , ou que fa fortune a fort diminué , & qu’il a de la peine à fubfifter. [ Deccfpt à fortuna. ]

  • Il a été batu comme un chien. On l’a batu

comme plâtre. C’eft-à-dire , on la bien batu.

// fait bon batre un glorieux , car il n’oferoit s’in vanter. Proverbe.

  • Batre l’eau. C’eft-à-dirc , travailler en vain ,

prendre une peine inutile.

On dit au même fens : // vaudrait autant batre de la tête contre’un mur. Ce qui feroit non-feulement inutile , mais aufll nuifible.

j- * // faut batre le fer tandis qu’il efl chaud. C’eft-à-dire , il faut fe fervir de l’ocafion quand elle fe prèfente.

+ * Nous avons batu les huiffons , & d’autres ont pris les oifeaux ; c’eft -à-dire , qu’ils ont profité de notre travail.