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la chanson des gueux


XI

NOS REVANCHES


Le bourgeois digère, gavé,
Ses trois repas et son bien-être,
Et rit de voir sur le pavé
Les poètes traîner la guêtre.

Mais que vienne enfin notre jour,
Parmi le public idolâtre
Nous sourions à notre tour
Quand il fait la queue au théâtre.

Là, nous le menons par le nez,
Comme un enfant dont on s’amuse.
Dans ses deux gros yeux étonnés
Nous faisons pleurer notre Muse.

Même avant le succès, d’ailleurs,
Nous avons contre cette engeance,
Sans conter les bons mots railleurs,
Plus d’une arme et d’une vengeance.