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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/128

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LES BLASPHÈMES

Je compris qu’il croyait, grâce à mon cœur dompté,
Avoir conquis mon âme à sa divinité.
Aussi je me raidis dans mon indifférence ;
Et, malgré ma pitié pour l’homme et sa souffrance,
Pour le Dieu condamné je restai sans pardon,
Et je lui dis à voix très haute : « Marche donc ! »


*

Jésus, la bonté même,
Me dit en soupirant :
Tu marcheras toi-même
Pendant plus de mille ans.
Le dernier jugement
Finira ton tourment.

*


Et j’ai marché, du soir au matin, de l’aurore
Au couchant. J’ai marché toujours. Je marche encore.