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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/132

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LES BLASPHÈMES

Alors j’ai crié vengeance
A ces crédules aigris,
Et j’ai vu l’intelligence
Partout surgir à mes cris.
J’ai vu le monde à ma suite
Renier ta foi détruite.
J’ai vu tes prêtres en fuite
Et tes autels renversés.
« Marche ! » as-tu dit. Bien ! je passe.
En vain tu me crieras grâce.
A ma marche jamais lasse
Tu ne peux plus dire assez.

« Marche ! as tu dit. Marche encore !
Jusqu’au dernier jugement. »
Mais quand naîtra cette aurore ?
Jamais, ô Dieu. Ta voix ment.
Toi, revenir dans ta gloire ?
Allons donc ! Sous la nuit noire
Je vais sans manger, sans boire,
Sans siège, sans lit, sans toit.
Pauvre, plus voûté qu’une arche
Et plus vieux qu’un patriarche ;
Mais à force d’être en marche,
O Dieu, j’ai marché sur toi.