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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/157

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LA MORT DES DIEUX

Où suis-je ? Voici la nuit
Qui s’en va. Le jour se lève
Chassant l’ombre qui s’enfuit
A la pointe de son glaive.

J’ai fait un rêve, voyons !
Le val, le spectre, mensonge !
Avec ses premiers rayons
Le soleil boira mon songe.

Mais où suis-je, en attendant ?
Tout ceci me déconcerte.
Oui, je rêve. Cependant
Je suis bien réveillé, certes.

C’est bien moi, ma chair, mes os.
C’est mon cheval. Son haleine
Fume encore à ses naseaux.
Mais quelle est donc cette plaine ?

Aussi loin que l’œil atteint
S’étend une blanche arène
Où la brume du matin
En s’évaporant se traîne.