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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/161

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LA MORT DES DIEUX

Un prodige, car maintenant
Les grains de sable étaient des pierres.

Avec un mouvement muet
Elles prenaient des formes vagues,
Et moutonnaient comme des vagues,
Si bien que le champ remuait.

Je poussai mon cheval au large.
Le sol sonnait sous ses sabots.
On eût dit que sur des tombeaux
Ses quatre pieds battaient la charge.

Soudain, plein d’épouvantements,
J’eus l’horrible mot du mystère,
Et vis que cette immense terre
Etait couverte d’ossements

Et que ces débris de carcasse,
Crânes, tibias et fémurs,
Plus blancs que le plâtre des murs,
Plus secs qu’un vieux roseau qu’on casse,

Dans de tumultueux accords
Cherchaient à calmer une envie