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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/178

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LES BLASPHÈMES

Quand j’ai su qu’à l’horrible maître
Il fallait toujours se soumettre,
Ah ! comme j’eus regret de m’être
Dans mon voyage en allé seul !

Certes j’aurais dû prendre en croupe,
Pour les abreuver de mon fiel,
Tous les croyants, toute la troupe
Des faibles assoiffés de ciel.
A ceux dont le désir préfère
L’azur vide à la bonne sphère
Où nous pouvons si bien nous faire,
Étant ruis, la part du lion,
A ceux qui voient dans les étoiles
Un Dieu sous de mystiques voiles,
Je voudrais verser dans les moelles
L’esprio le ma rébellion.

Je voudrais que les pauvres diables
Pussent bien voir et bien toucher
Sur ses tas de morts effroyables
Le Dieu-bourreau, le Dieu-boucher.
Je voudrais que leur lèvre amère,
Perdant le goût de la chimère,