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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/181

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LA MORT DES DIEUX

 « Voici l’homme ! Voici l’athée !
Quel Dieu dans ma course arrêtée
Veut encor brûler Prométhée
Au feu des éclairs éclatants ?
Dût-il, cuirassé de désastres,
Du ciel ébranler les pilastres,
Dût-il se défendre à coups d’astres.
Qu’il vienne, ce Dieu ! Je l’attends. »

Les lâches n’ont rien dit. J’ai vu des spectres pâles
Qui s’évanouissaient ainsi qu’une vapeur.
Derrière les soleils on entendait des râles.
Ils se cachaient. Ils avaient peur.

Et, tremblant devant ma vengeance,
Comme ils n’osaient pas même fuir,
Pour chasser cette vile engeance
Alors je pris un fouet de cuir,
Et courant d’étoile en étoile,
Du ciel je déchirai la toile
En mille trous, comme une voile
Que lacère un vont furieux,
Et j’entrai dans chaque tanière
De la première à la dernière,