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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/206

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LES BLASPHÈMES

Que laisse leur orgueil après qu’on l’a cuvé,
Je vomirai tout mon savoir sur le pavé ;
Moi, le roi, je serai mon propre régicide ;
Et je renaîtrai simple, ignorant et lucide,
Tel qu’un petit enfant dont les yeux sans couleur
S’ouvrent à la clarté du jour comme une fleur.
Ainsi que toi, regard d’enfant, qui te promènes
Dans les étonnements des vierges phénomènes,
Mon regard curieux et ravi va marcher
Dans une forêt neuve, où, comme un jeune archer,
Il criblera de traits tout ce qui fuit et passe.
Mais tandis que tu fais la chasse dans l’espace,
Mon regard va descendre en moi-même, chassant
Au plus profond de moi, dans ma chair, dans mon sang
Car j’offre à mon esprit, pour qu’il s’y désaltère,
La méditation de mon moi solitaire


*



C’est fait. J’ai mis au cercueil
Mon savoir et mon orgueil.
Au lieu de leurs rumeurs vaines,