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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/208

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LES BLASPHÈMES

Ainsi, tristes ou joyeux,
Revivent tous mes aïeux.
Le temps a perdu leur trace ;
Mais dans mon cœur je les sens.
O morts toujours renaissants !
Suis-je moi ? Suis-je une race ?

Dans ce tumulte confus
Qui dira ce que je fus ?
Un cri sort de chaque goutte.
Tous ces cris font-ils ma voix ?
Roule, mon sang ! Je te vois.
Chante, chanson ! Je t’écoute.


*



Et comme j’attendais, extatique, anxieux,
Tendant l’oreille au bruit, tenant fixes mes yeux,
Ainsi que dans la nuit rêvent les somnambules.
J’entendis peu à peu tous les rouges globules
Rapprocher le fracas de leurs lointains accords,
Puis leur voix devenir plus claire et prendre corps,