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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/217

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LA CHANSON DU SANG

Moi qui chante leur gloire et montre leur portrait
Je n’aurais qu’à cesser, le monde apparaîtrait
Comme un chaos informe, obscur, sans harmonie.

Mais j’aime mieux le pas causer un tel émoi.
Il me plaît de créer ces Êtres que je nie ;
Car, en les adorant, on n’adore que moi.


LA MIGNOTE




Fille de Bohême aux yeux d’alouette,
Aux cheveux en vrille, aux petits pieds courts,
J’achetais jadis d’une pirouette
Les sous qui pour moi pleuvaient dans les cours.

Maintenant je suis la belle des belles.
J’ai des amoureux dans le monde entier.
El sans qu’on me paie impôts et gabelles,
Ainsi que le roi, j’ai mon argentier.