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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/22

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LES BLASPHÈMES

La Nature, la reine altière,
Se laisse approcher de plus près ;
Nos esprits, quoique noyés d’ombres,
Ont su calculer quelques nombres
Et tirer d’un tas de décombres
De quoi faire un maigre tableau ;
Oui, mieux que la race première,
D’une main sûre et coutumière
Nous nous servons de la lumière,
Du sol, de l’air, du feu, de l’eau ;

Oui, puisant à l’intarissable,
Nous avons ramené du puits
Un seau plein de ces grains de sable
Que nous nommons des faits… Et puis ?
Avec tous nos points de repères,
Te voyons-nous mieux que nos pères,
fond, fond qui nous désespères,
Fond obscur, fond mystérieux ?
Pour avoir fait glose sur glose
Nous croyons savoir quelque chose ;
Mais la Cause de tout, la Cause,
Qui donc la tient devant ses yeux ?

Qui donc va crier à ses frères :
« Voici les voiles arrachés !