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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/221

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LA CHANSON DU SANG

Le vent mystérieux des voyages.
Vienne le dernier quart de la nuit,
La flotte aventureuse s’enfuit ;
Et la boussole qui nous conduit,
C’est l’espoir des vierges mouillages.

Quittons ce vieux monde où tout est vieux.
Où le soleil las n’est plus joyeux.
Viens ! je sens des larmes plein mes yeux
Quand passe un nuage sur ma tête.
Comme lui je veux fuir loin du sol.
Laisse au bois chanter le rossignol
IN’ous, les goélands au large vol,
Allons crier dans la tempête.

Adieu, ma mère ! Ma femme aussi !
De mes enfants qu’un autre ait souci !
La vie est trop lourde à vivre ici.
Vous demanderez sans moi l’aumône.
Je n’ai pas vos désirs ingénus,
Mais j’ai soif de pays inconnus
Où je puisse baigner mes bras
Dans le sang rouge et dans l’or jaune.