Aller au contenu

Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
LA VIE

Passez, valsez ! Toujours ! Encore !
La fille que son feu dévore
Souffle dans un clairon sonore
À pleins poumons jamais lassés.
Passez, valsez ! Elle, éperdue,
Bondit à travers l’étendue,
Tétons raidis, croupe tordue,
Le ventre en l’air. Valsez, passez !

Passez, valsez ! L’espace est large.
Le temps est long. On crie : assez !
Mais le clairon sonnant la charge
Ne se taira jamais. Passez !
Passez, valsez ! La voix de cuivre
Chante et ricane. Il faut la suivre.
Il faut vivre, vivre et revivre.
Rien, nulle part, ne reste coi.
Ô flots de l’éternelle houle,
La Vie est une putain soûle
Qui dans l’inflni hurle et roule
Sans savoir comment ni pourquoi.