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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/51

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SONNETS AMERS

IV

DIAGNOSTIC


Le front est balafré de plis. Les yeux ardents
Flambent de fièvre et sont noyés de pleurs. La bouche
Fait un trou noir, béant, plein de bave et farouche,
Où la langue ballotte, où se cognent les dents.

Le ventre convulsé s’enfle, rentre en dedans,
Puis ressort, bossue de nœuds comme une souche ;
Et les poumons, crachant le spasme qui les bouche,
S’essoufflent par la gorge en cris durs et stridents.

Mais quel est donc ce mal, ce coup d’épilepsie
Où l’on râle, écumant, la cervelle épaissie,
Les sens perdus, les nerfs détraqués, où la chair

Semble un poisson vivant dans une poêle à frire ?
Hélas ! Ce mal, c’est notre ami, c’est le plus cher.
C’est le consolateur des hommes, c’est le Rire.