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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/65

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SONNETS AMERS

XVIII

IMPUISSANCE


Et dire que, la nuit m’empêtrant de ses voiles,
Je peux la déchirer de feux en mille trous,
Que je peux éventrer les vagues en courroux,
Debout sur un cheval de bois ailé de toiles,

Que je peux, sans avoir un frisson dans les moelles,
Tenir du ciel entier les monstrueux écrous,
Et sous mes calculs sûrs comme sous des verrous
Emprisonner le tas fourmillant des étoiles !

Et dire que cela, si grand, n’est rien encor,
Et que je peux aussi, refaisant le décor
Du monde, imaginer une énigme nouvelle,

Et la résoudre, et lui donner mon sceau vainqueur !
Dire que tout cela palpite en ma cervelle,
Et que je ne sais pas le secret de mon cœur !