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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/98

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LES BLASPHÈMES

Me rongent lentement, à mon ventre accrochés.
Non, je ne puis rester dans ce port où j’échoue,
il faut le vent du large aux poumons des nochers ;

Il faut le frais baiser de l’embrun sur leur joue.
Levons l’ancre ! Partons ! Voguons vers les pays
Où sur un sol nouveau la lumière se joue !

Vous m’appelez là-bas, étoiles ! J’obéis.
Mais laquelle de vous mène aux pays féeriques ?
Combien s’en sont allés, que vous avez trahis !

Combien, prenant vos feux pour pôles chimériques,
Sur les crocs des brisants sont restés en lambeaux,
Et, sans avoir trouvé les vierges Amériques,

Sont roulés par la mer en de mouvants tombeaux !
Vous êtes les clous d’or, d’argent et de topaze
Que font en galopant tomber de leurs sabots

L’Espace qui me heurte et le Temps qui m’écrase.
O chevaux monstrueux lancés dans l’Infini,
Plus forts que Bucéphale et plus fous que Pégase,