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thermidor

J’aime l’étroit corsage où tes seins à l’étroit
Semblent deux étalons qui se cabrent tout droit.
J’aime ton bras sortant à demi de la manche
Où la dentelle écume autour de ta chair blanche.
J’aime ton buste fier cuirassé de satin.
J’aime ton pied cambré, frétillant et mutin
Sous les boutons de la bottine mordorée.
J’aime ta jupe énorme à la traîne éplorée
Qui fait comme un fouillis épars de noirs cheveux
De ta croupe onduleuse à ton mollet nerveux.
J’aime à sentir ployer tes reins, fondre ta taille,
Dans le froufrou soyeux et craquant de la faille.
J’aime tes bracelets, tes bagues, tes bijoux,
Tout ce que ton caprice enfant a pour joujoux.
Et rien ne me rend fou, frénétique, idolâtre,
Comme l’éclat de tes toilettes de théâtre,
Quand, faisant palpiter au bout fin de ton gant
Comme un grand papillon l’éventail élégant,
Avec des airs de reine et des rires de fée,
La poitrine en avant, la tête ébouriffée,
Tu te plais à montrer aux lustres envieux
Tes diamants aigus qui poignardent les yeux.