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les caresses


Le fouet de la queue en courroux
Flagellait tes deux flancs sans trêve,
Et tu ridais ton mufle roux
Pour miauler d’une voix brève.

Dans ta gorge aux rauquements sourds
Grondait une rage étouffée.
Mais, calme, je chantais toujours,
Sûr de ma force comme Orphée.

N’ai-je pas l’instrument vainqueur
Qui charma le fauve et la bête ?
N’as-tu pas, pour l’entendre, un cœur ?
On ne mange pas le poète !

Oui, tu cèdes. Malgré ta faim,
Devant le dompteur tu te vautres.
Victoire !… Mais voici la fin :
Je fus mangé comme les autres.