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LES ÎLES D’OR



Sans-patrie au cœur ulcéré,
Vous vous feriez le sol sacré
D’une patrie à votre gré ;

Pas même un havre où l’on s’arrête
Pour jamais, ponton en retraite ;
Mais des haltes, la voile prête,

En des anses pleines de nuit,
Dont, avant l’heure où le jour luit,
À tâtons et vite on s’enfuit ;

Des débarquements de corsaire
Où contre la côte on se serre
Tout juste le temps nécessaire

À rafistoler le bateau,
Le radouber quand il fait eau,
Fouiller le val et le coteau

Quêtant du gibier, une source,
Pour reprendre aussitôt sa course
Vers le nez de la Petite-Ourse ;