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MES PARADIS


Ensemble aux crins nous nous prendrons
Et l’on verra de nos deux fronts
Lequel sera le plus tôt chauve.

Et l’on se rue éperdument
Dans votre cratère fumant,
Passions aux torrents de lave,
Et dans la torride liqueur,
Fauve, à pleine chair, à plein cœur,
Comme dans l’eau fraîche on se lave.

Car soi-même on est un foyer
Où la santé fait flamboyer
Une si brûlante fournaise,
Que les brasiers les plus ardents
Vous sont, même en dormant dedans,
Un lit où l’on rêve à son aise.

Et j’y dormis, et j’y rêvai,
Soûl d’un vin féroce cuvé
Parmi des fracas de bataille.
J’y dormis mieux qu’en un cercueil,
Dans des rêves que mon orgueil
Enflait de destins à sa taille.