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LES ÎLES D’OR

Baiser riant, baiser pleurant, baiser de rêve
Qui commence en la chair et dans l’âme s’achève,
Tous les baisers, tous les baisers, tous les baisers,
Baisers martyrisants, baisers martyrisés,
Baisers où semblent joints des muffles de chimères,
Baisers de jalousie aux âcretés amères,
Baisers de rage au goût de sang et de poison,
Baisers d’adieu qui râle et qui perd la raison,
Baisers déments où l’on ne sait plus si l’on souffre.
Si l’on jouit, baisers d’azur, baisers de gouffre,
Baisers toujours en rut et jamais apaisés,
Tous les baisers, tous les baisers, tous les baisers,
Tous ceux où l’on sent vivre et mourir tout son être,
Tous ceux qu’on a connus, tous ceux qu’on doit connaître,
Tous les baisers, tous à la fois, en composer
Chaque baiser qu’on donne et prend, chaque baiser !