Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
MES PARADIS


Ton exemple me reste. À mon tour je suis père.
L’esprit de mes enfants me semble un sol sacré.
Comme en moi tu semas, en eux je sèmerai
Les bons grains bien triés, qui mûriront, j’espère.

Moi, tes cadeaux d’un jour pour toujours m’ont comblé.
De ces livres, germant dans ma jeune âme en friche,
La sève fut si vive et la moisson si riche
Que j’y moissonne encore, et c’est mon meilleur blé.

Ces livres, qu’un critique ait la mine méchante
De leur choix ! Un critique est-il jamais content ?
Mais moi, pour être en joie, il ne m’en faut pas tant.
Je ne suis qu’un poète ! Et donc, ce choix m’enchante.

Ces livres, on y voit un Homère, au milieu
De romans ; et, ma foi, qui veut en rire en rie,
Ces romans, qui plus est, sont de chevalerie.
Les Quatre fils Aymon ! « Près d’Homère ! — Oui, mossieu.

Remettez-vous, de grâce, et me suive qui m’aime.
On y voit Don Quichotte avec Sancho Pança,
Les Mille-et-Une Nuits, Robinson, et puis ça,
Oui, voui, ça, Le Dernier des Mohicans, lui-même.