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LES ÎLES D’OR

Restez en paix fleurir dans l’ombre des casiers
D’où je vous tire avec des doigts extasiés,
Comme de vieux flacons de liqueur sans égale
Et dont avec respect, pieux, on se régale.
Peut-être que déjà c’est sacrilège un peu
De n’avoir pas gardé pour moi mon coin du feu,
Mes beaux soirs de profonde et douce solitude,
Mes rêves, rouges fruits fils de la pâle étude,
Mes bonheurs de vieillard que nul n’avait trahis,
Hôte de tous les temps et de tous les pays
Où mes livres sorciers avec eux me font vivre
Sous le regard ami de ma lampe de cuivre.