Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/55

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De clair soleil et de printemps,
Une ombre aux regards éclatants,
Aux attitudes de statue.

Pourtant la plus noire des deux
Était celle-ci. Bas, hideux,
Son visage à la peau blêmie
Suintait comme un mur de prison.
Son nez puait la trahison.
Sa bouche bavait l’infamie.

L’autre, au contraire, sous ses pleurs
Avait des yeux comme des fleurs,
Des fleurs douces, bien que fanées.
Ses lèvres distillaient le miel.
D’une auréole d’arc-en-ciel
Ses tempes étaient couronnées.

Et de même leurs cœurs ouverts.
L’un, le joyeux, grouillant de vers.
L’autre, le triste, une corbeille
Aux arômes chauds et subtils
Où volaient sur l’or des pistils
Et le papillon et l’abeille.