Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
MES PARADIS


XIV


Du bon vieux roi Soleil aventureux dauphin,
Ô vin, grand bâtisseur de châteaux en Espagne,
Que de fois avec toi ma gaîté fit campagne,
Sous ton drapeau de pourpre et tes harnois d’or fin !

On avait toujours soif. On n’avait jamais faim.
Tous de francs compagnons ! Et pour seule compagne
La Chanson, vivandière au cul rose et sans pagne.
Et tous, le cœur plus pur qu’un cœur de séraphin !

Car on était très doux. On ne livrait bataille
Qu’aux bouteilles. Mais comme on prenait par la taille
Ces vierges ! Comme on leur faisait des tas d’enfants !

Et comme on revenait joyeux avec la troupe
De ces beaux fils, désirs, vœux, rêves triomphants,
Que les chevaux berçaient au roulis de leur croupe !