Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/311

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avec lui. Dans de très nombreuses expériences il en a été ainsi. La présence de Krall ou des palefreniers n’est pas nécessaire pour que la réponse donnée soit juste. Parfois même on a laissé le cheval tout seul dans l’écurie, et on observait ses mouvements à travers une petite ouverture vitrée percée dans la muraille.

Et puis souvent la solution du calcul est trop rapide pour qu’un individu, même excellent calculateur, puisse la donner avec la même rapidité. M. Krall écrit au tableau , nombre que lui a donné M. Assagioli, et immédiatement, en quelques secondes, plus vite que n’eût pu le faire un habile calculateur, Muhamed a donné la solution juste.

En présence de ces faits singuliers, invraisemblables, les savants allemands (officiels) ont rédigé une étonnante protestation. Vingt-quatre professeurs ont signé ce manifeste ridicule, et, sur ces vingt-quatre professeurs, il n’y en a que deux qui aient vu les chevaux. Ces deux là avaient le droit de dire que les observations de Krall étaient des illusions, mais les vingt-deux autres n’avaient le droit que de se taire.

Aussi bien cette protestation n’apporte-t-elle aucun élément nouveau dans la question. Il y est dit qu’accorder à des chevaux le pouvoir de calculer comme des hommes contredit complètement la conception évolutive (sic)[1].

Voici quelles seraient provisoirement nos conclusions :

1° L’hypothèse d’un dressage pour répondre à des signes conventionnels doit être complètement éliminée. Une mystification est chose absurde et impossible.

2° Il faut éliminer aussi l’hypothèse de Pfungst, qui, après avoir longuement étudié le langage et le calcul des chevaux, avait supposé qu’ils répondaient à des signaux inconscients donnés par les observateurs. Et en effet souvent les chevaux ont répondu en l’absence de tout témoin et par conséquent de tout signe extérieur.

Une analyse méthodique des conditions dans lesquelles se fait la réponse a permis à Claparède d’établir les faits suivants, importants pour la théorie.

  1. Ce curieux manifeste est rapporté par Claparède (Loc. cit., p. 265).